Variétés anciennes, variétés population, diversité cultivée

Les Anciennes mieux que les Hybrides?

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Et bien pas forcément !

On entend beaucoup parler de variétés anciennes, variétés hybrides, variétés OGM, etc.
Voici quelques explications pour faire un peu de tri dans toutes ces expressions qui parfois prêtent à confusion.

Quand on parle de variétés chez les plantes, c’est comme parler de races chez les animaux. Au sein d’une même espèce végétale (carottes, choux, poireaux, tomate, etc.) on peut avoir plusieurs variétés, c’est naturel.
Du moins à la base.
Sauf si les nouvelles technologies s’en mêlent.

Il y a globalement trois grands types de variétés :

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  • les variétés population : Ce sont les variétés traditionnelles, cultivées depuis toujours, multipliées par pollinisation libre dans les champs. Elles sont donc reproductibles par tous, tout le temps.

    Ces variétés se caractérisent aussi par une hétérogénéité des caractères parmi les plants (variabilité des formes, des couleurs, des propriétés physiologiques, etc). Cette légère variabilité traduit une diversité génétique de la population, la rendant plus aptes à survivre face à des changements environnementaux (sécheresse, humidité, froid, maladies, etc).

    Les variétés population peuvent être anciennes, variétés anciennes, variétés population, semence paysanne, plants bio, brestsi connues et cultivées depuis longtemps.

    Mais elles peuvent aussi être récentes et issues d’une hybridation. Cette dernière est alors une hybridation par voie naturelle, où le sélectionneur a fait polliniser une variété par une autre de façon manuelle. Ca marche ou ça ne marche pas, le résultat est bien ou pas. C’est de l’expérimental. Quand ça marche et que le résultat apporte une amélioration (taille, goût, résistance, etc), il faut encore du temps pour poursuivre le même type de croisement et le refaire sur plusieurs générations pour stabiliser la variété (population) créée. C’est à dire qu’elle ait un minimum d’homogénéité pour avoir une variété stable : les graines semées donneront plus ou moins la même chose que les parents de la génération précédente (à quelques détails près comme des légères variations de tailles, couleur, résistance, etc. : la fameuse petite variabilité génétique qui rend l’ensemble plus pérenne dans le temps).
    Une variété ancienne peut être issue d’une telle hybridation il y a longtemps.

    Mais la plupart du temps les variétés populations sont le fruit de sélections opérées sur plusieurs générations. Le travail de sélection, lorsque l’on fait ses graines soi-même, est de les prendre uniquement sur les plants qui ont les caractères que l’on veut sélectionner. Par exemple, si on prend les graines que sur les plants qui donnent les plus grosses tomates, au fur et à mesure on va augmenter la taille de la variété. Si on prend les graines produites par les carottes les plus sucrées, on va tirer la variété vers plus de goût. Etc.
    Toutes sortes de caractères peuvent être choisies pour sélectionner, orienter une variété. Au point que parfois, pour une même variété, on n’aura pas exactement la même chose selon qu’elle ait été produite par tel.le ou tel.le product.rice.eur.

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  • Les variétés populations peuvent être issues de semence paysannevariétés anciennes, semences paysannes, plants bio, bio, brest, potagers si les graines viennent de chez un agriculteur qui produit lui-même les semences qu’il cultive. Les semences paysannes sont particulièrement intéressantes car, via son travail de sélection, l’agriculteur affine l’adaptation de la variété au terroir (climat, sol, etc). Les résultats sont donc meilleurs qu’avec des semences produites dans une autre région ou par une personne qui ne produit que de la graine et donc se soucie moins du résultat qu’elle donne.
    De plus, encourager les semences paysannes c’est augmenter l’autonomie des agriculteurs qui sont alors indépendants des firmes semencières. C’est enfin préserver un savoir-faire, une connaissance du vivant et un rapport à la Nature qui est primordial pour la pérennité des écosystèmes et de l’autonomie alimentaire.

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  • les variétés hybrides F1 : également issues de croisements entre deux variétés dites parents, mais ici seule la première génération issue directement des parents est utilisée/commercialisée. Ainsi, les plants seront soit stériles, soit leurs graines donneront des plants complètement différents (ressemblant à un des deux grand-parents, mais pas à la F1) car les caractères n’ont pas été stabilisés génétiquement dans la population.

    Les plants hybrides F1 sont homogènes génétiquement, Tomate, plants tous les individus ont plus ou moins les mêmes caractères.

    Avantages : même taille, mêmes résistances face aux maladies, tout caractère sélectionnés par l’agro-industrie (résistance aux chocs du transport, etc.). Ces variétés facilitent la monoculture et la vente en circuits longs dans les grandes surfaces.

    Inconvénients : du fait de cette homogénéité ces variétés sont incapables de s’adapter aux variations de l’environnement. Quand un problème survient (trop sec, trop humide, telle maladie, etc.) toute la culture survie, ou toute la culture meurt. De plus, elles ont un coût élevé.

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    Les hybrides F1 rendent donc les agriculteurs dépendants : des semenciers pour se fournir, des produits phyto-sanitaires pour réguler les problèmes (qui ne sont pas toujours réglés d’ailleurs, ou en créent d’autres).

    Ce qui représente en plus de fortes charges financières pour leurs fermes. Pour donner un exemple, le prix d’une variété de tomate hybride peut être 15 fois supérieur à celui d’une variété population. Ramené au poids, le prix de semences hybrides peut être plus cher que l’or, voire bien plus.

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  • Les OGM : les variétés OGM (Organisme Génétiquement Modifié) sont toutes stériles, homogènes génétiquement, avec des caractères insolites acquis par l’insertion de gènes étrangers dans leur ADN. Ca peut être un gène de synthèse de molécule protégeant la plante de produits chimiques par exemple. Ou lui faisant synthétiser telle molécule médicamenteuse.

    ogm, plants bio, brestL’avantage : soit disant plus de résistance aux maladies, ou plus de taux en sucre ou protéine ou autre, ou plus de… Mais en fait, soit il n’en est rien, ou alors le caractère en plus est inutile ou délétère pour l’alimentation ou l’environnement. Les OGM, c’est surtout beaucoup de communication car il y a des enjeux financiers énormes pour ceux qui les commercialisent.

    Inconvénients : ces semences sont encore plus chères que les F1, et permettent un plus gros contrôle du vivant et des paysans. Les OGM n’ont pas pour but la qualité nutritionnelle ni la santé des consommateurs, juste de plus gros profits pour l’industrie agro-alimentaire. Et un pouvoir absolu sur ce qui se cultive.
    De plus les OGM ne sont pas contrôlables : on sait ce qu’ils apportent en plus, mais on ne connait pas les dégâts co-latéraux engendrés par la manipulation génétique sur le fonctionnement de la plante. Ni sur la santé humaine ou animale. Enfin, dans la Nature les transferts de gènes ne passent pas uniquement par la reproduction sexuée des plantes (mais aussi par les virus, les bactéries, etc.) ; par conséquent, même si les plants sont stériles, les gènes artificiels se disséminent dans l’environnement perturbant les équilibres des écosystèmes. Et contaminant les cultures non OGM, qui le deviennent à leur tour.

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En guise de conclusion :

Les variétés hybrides F1 sont autorisées en Agriculture Biologique européenne, et sont même largement utilisées. Le premier argument des agriculteurs est la “productivité”. Pour un travail égal, on peut avoir plus de production avec une variété hybride qu’avec une variété population. Ceci est surtout vrai pour les tomates, les poivrons, les aubergines, les brocoli, les fenouils.
Pour les autres légumes, ce n’est pas probant. Certains avanceront alors la résistances aux maladies. Mais par expérience ce n’est pas probant non plus. Comme expliqué plus haut, les variétés populations échouent rarement, du fait de leur capacités adaptatives.
Dans tous les cas, les variétés populations sont meilleures en goût et perpétuent l’indépendance semencière.

Malheureusement, même en bio il y a du lavage de cerveau issu des lobbies pour faire peur aux agriculteurs, leur faisant croire qu’ils prennent des risques en travaillant avec des variétés population.
Pourtant certains maraîchers et même de gros légumiers bio ne travaillent qu’avec des variétés population, et fonctionnent très bien. Cela suffit pour montrer que les F1 ne sont pas utiles, non?

Les variétés OGM sont toujours interdites en France, même en agriculture conventionnelle. Elles sont cultivées cependant dans des parcelles expérimentales, pour des raisons scientifiques menées par l’INRA (Institut National de Recherche en Agronomie). Ce sont ces parcelles expérimentales qui sont fauchées par les Faucheurs Volontaires pour lutter contre le forcing des lobbies semenciers (aucun agriculteur n’est lésé par ces fauchages ; ils peuvent être vexés qu’on s’insinue chez eux par contre). Du fait de ces parcelles expérimentales, des traces d’OGM sont trouvées dans d’autres champs cultivées pour l’alimentation humaine et dans la flore sauvage (exemple ICI).
C’est pour cette raison que le cahier des charges AB européen autorise 0,01% d’OGM dans les cultures : c’est déjà prévoir que les OGM seront cultivés et contamineront aussi les cultures bio. C’est dans ce genre de précision dans les textes de lois que l’on voit le travail des lobbies dans les commissions politiques. Le terrain est préparé en amont, quand le sujet n’est pas encore apparu et passe inaperçu.

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Hadenn ne travaille qu’avec des variétés
population.

La plupart sont anciennes (Chou de Ploujean, épinard Géant d’hiver, tomate Précoce de Quimper, etc.). Mais quelques unes sont récentes, créées/sélectionnées notamment par René Lea à Plouescat (potimarron Angélique, chou de Port Neuf) qui est un passionné du savoir faire semencier et fervent défenseur des semences paysannes (il a vu ses grands-parents et ses parents faire leurs semences, et son fils continue).

Nous essayons de nous fournir le plus possible en semences paysannes produites localement (comme chez René Lea pour les courges et les choux, Paysons Ferme pour les pommes de terre, Eric Couliou pour les poireaux, etc.) ou choisies dans les catalogues de semenciers consciencieux qui mettent ce type de semences en avant (Agrosemens, Germinance, Biaugerme, etc.).

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Travailler avec des variétés population, c’est maintenir le droit à tout individu d’être autonome dans la culture de son alimentation. Les faire exister, les cultiver, les multiplier, c’est garantir la liberté humaine de base : se nourrir et être en lien avec son environnement vital.
C’est aussi diminuer les risques de pénurie face aux aléas climatiques, en ayant des plants plus adaptés aux conditions locales. Sujet d’autant plus important en période de changement climatique important.

Et ne serait-ce que pour le goût et la richesse nutritionnelle des produits, les variétés population n’ont pas été égalées. Formées par les lois naturelles, les processus biologiques sont respectés et les plantes ont le temps et les capacités de se nourrir pleinement. Et nous avec.

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Parlez-en à vos maraîchers et vos magasins bio, renforcez la demande 🙂